Le prédicateur sage est celui qui étudie l’état de la société, la situation des gens, leurs croyances, et accorde à chacun le rang qui est le sien. Il s’adresse à eux en fonction de leurs raisonnements, leur compréhension, leurs dispositions naturelles, leur comportement, leur niveau intellectuel et social, et des moyens qui permettent de parvenir à eux. C’est pour cette raison que ‘Alî ibn Abî Tâlib a dit :
« Parlez aux gens de ce qu’ils comprennent, voulez-vous que l’on accuse de mensonge Allah et Son messager. » [Al-Bukhârî (127)]
On rapporte également que ‘Â’ishah a dit : « Le Messager d'Allah ﷺ nous a ordonné d’accorder aux gens le rang qui est le leur. » [Sharh Muslim (1/55)]
‘Abd Allah Ibn Mas’ûd a dit : « Si tu parles aux gens d’une chose qu’il ne peuvent pas comprendre, cela sera une épreuve pour certains d’entre eux. » [Muslim (1/11)]
Le Prophète ﷺ a exposé cela aux prédicateurs lorsqu’il dit à Mu’âdh Ibn Jabal en l’envoyant au Yémen en tant que prédicateur, enseignant et juge : « Tu vas vers un peuple des Gens du Livre… » [Al-Bukhârî (1458), Muslim (19)]
Il lui a exposé la croyance des gens chez lesquels il allait arriver afin qu’il connaisse leur situation, s’y prépare et leur présente ce qui leur convient.
Il dit également à ‘Â’ishah : « Ô Â’ishah ! Si ton peuple n’était pas si proche de leur [époque] de mécréance, j’aurais démoli la Ka’bah et l’aurait reconstruit avec deux portes : une porte par laquelle les gens entrent et une autre par laquelle ils sortent. » [Al-Bukhârî (126), Muslim (1333)]
Le Prophète ﷺ a délaissé ce bienfait afin de ne pas tomber dans d’autres méfaits [1].
Il est donc très important d’étudier la société et le lieu où la prédication va parvenir, car le prédicateur a besoin de connaître la situation de ceux à qui il s’adresse : leur croyance, leur situation psychologique, économique, sociale, scientifique. Il doit également bien connaître les lieux où se rassemblent les égarés et ceux qui ont dévié, leurs habitudes, leur langue, leur argot. Il doit cerner leurs problèmes, leurs dispositions naturelles, leur culture, leur capacité à débattre, leurs tendances et les ambiguïtés qui se sont répandues dans leur société [2].
Le prédicateur sage doit cerner ce qu’il y a autour de lui et mesurer les circonstances dans lesquelles il prêche, en prêtant attention aux besoins des gens, leurs pratiques et tout ce qu’ils font.
Le prédicateur ne réussira dans son prêche, sa transmission du message ne sera couronnée de succès, et ses paroles et actes ne seront pertinents que lorsqu’il connaîtra ceux à qui il s’adresse : est-ce une société de musulmans pécheurs, ou des musulmans parmi lesquels se sont répandues des innovations ? Est-ce une société judéo-chrétienne ? Si tel est le cas, sont-ils juifs ou chrétiens ? Est-ce une société athée, naturaliste, matérialiste ? Est-ce une société idolâtre et polythéiste ?
Si le prédicateur connaît toutes ces choses, comment doit-il appeler ces groupes avec sagesse ? Que doit-il dire en premier ? Que doit-il reporter ? Quelles sont les choses les plus importantes ? Et quelles sont les idées essentielles par lesquelles il doit débuter ? Et ainsi de suite.
Le prédicateur sage est semblable au médecin sage qui identifie clairement la maladie, la connaît et la cerne, puis donne le remède adéquat en fonction de l’état du malade et de la maladie, en prenant en compte l’état de faiblesse du malade et sa capacité à supporter le traitement. Le malade peut avoir besoin d’une chirurgie, et ainsi qu’on ouvre son ventre ou qu’on coupe un de ses membres, afin de stopper la maladie et qu’il retrouve la santé. Il en est de même pour le prédicateur sage qui connaît les maladies de la société, cerne le mal, connaît le remède, constate qu’elles sont les ambiguïtés et les obstacles et les lève. Puis, il présente la matière adéquate en commençant par la croyance islamique authentique, en donnant envie à celui à qui il s’adresse d’accepter cette croyance et de répondre à son appel.
[1] Ibn Hajar a dit : « On peut en tirer qu’il faut laisser un bienfait afin de ne pas tomber dans un méfait, et délaisser la réprobation du mal de peur de tomber dans un mal plus grand encore. (Fath Al-Bârî, 1/225).
[2] Voir Sharh Muslim (1/76, 197), Fath Al-Bârî (1/225), Zâd Ad-Dâ’iyah (p.7)
Source : Comment appeler à Allah les athées et pécheurs musulmans
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